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11 mai : vers un déconfinement des colères ? Toulouse, Nantes, les premiers appels à manifester fleurissent

Le déconfinement approche à petits pas même si l’Etat d’urgence sanitaire a été décrété jusqu’au 24 juillet et que personne ne sait encore exactement comment ça se passera. Aux dernières nouvelles, il sera de nouveau possible de circuler librement sans attestation, sauf pour les déplacements à plus de 100 km du domicile. Sur la voie publique et dans les lieux privés, les rassemblements seront limités à 10 personnes. 10 personnes ! c’est déjà bien assez pour conspirer.

Toujours est-il qu’après un mois et demi de confinement, d’impuissance et d’infantilisation, les corps vont à nouveau avoir le droit de circuler. Et qui sait ce que peuvent les corps comme disait l’autre. Il a fallu subir les amendes et les contrôles, les violences policières et les décisions absurdes. Tout le monde ronge son frein. La colère est dans les starting blocks. Et les premiers appels commencent à fleurir. Il va falloir penser printemps.

A commencer par les soignants du CHU de Toulouse. À l’appel des syndicats CGT et Sud, le personnel du CHU de Toulouse est appelé à faire grève et à manifester ce lundi 11 mai 2020 sous le message #VousNeConfinerezPasNotreColère et autour de l’affirmation « Ni la direction, ni le gouvernement n’ont l’intention de satisfaire les revendications des hospitaliers ». Les revendications portent notamment, au niveau local, sur la réquisition de masques FFP2 et FFP3 pour les hôpitaux, la fourniture d’un masque et de gel hydro-alcoolique pour tous les patients et visiteurs ; l’ouverture de locaux inoccupés pour des hébergements d’urgence ; l’augmentation de 2 points pour tous les agents du CHU ; des primes, etc.
Différents rassemblements sont également prévus à 14 heures.

A Nantes, « un collectif de salarié.e.s, d’étudiant.e.s, d’écologistes, de paysan.ne.s, de précaires et d’acteurs associatifs » lance l’appel suivant :

« Dès le premier soir, manifestons notre soutien aux employé.e.s – éboueur.euses, facteur.trices, caissier.es, boulanger.es, paysan.nes- qui ont trimé durant toute cette période et rendons hommage à l’ensemble des solidarités concrètes qui se sont déployées et ont permis de palier les incompétences flagrantes de l’État.

Soutenons à ce titre encore plus particulièrement le personnel médical, qui se bat depuis des années contre le démantèlement de l’hôpital public sans rien obtenir en retour, et qui se voit propulsé en « première ligne », démunis de matériel adapté, pour faire face à cette pandémie. (…)

En ce sens, nous appelons à nous retrouver un première fois le 11 mai à 19h devant les CHU de chaque ville ou sur tout autre place emblématique. À Nantes, rendez-vous à 19h à Hôtel-Dieu, devant l’entrée de l’hôpital.

Sortons notre musique, nos banderoles et pancartes. Tout ce qu’il faut pour que ce moment soit festif et revendicatif ! Pour autant, soyons attentif.ve.s aux gestes-barrière, venons masqué.e.s et gardons nos distances. N’hésitons donc pas à prendre tout l’espace nécessaire ! »

Et il propose de faire de même dans d’autres villes.

« Le moment est critique, nous ne pouvons pas rester confinés. Le confinement se justifiait par l’urgence, mais son coût social et économique est colossal […] La vie économique doit reprendre impérativement et rapidement, avec des aménagements, avec de la bonne volonté », a expliqué Edouard Philippe. Tout le monde a bien compris que le but de la manœuvre est de relancer l’économie. Nous pourrons donc nous entasser au travail ou dans les transports en commun mais il sera toujours interdit de nous réunir à plus de dix pour toute autre activité.

Le gouvernement aimerait évidemment que la reprise se passe en douceur. Il va sans doute encore nous sortir un couplet sur l’unité nationale. Il suffirait de relancer la machine et du même coup notre soumission. « Nous ne les laisserons pas relancer l’intoxication du monde ! », s’exclame les signataires de l’appel de Nantes.

Le printemps qui vient sera-t-il celui du déconfinement des colères, ou ce gouvernement fragilisé par la révolte des gilets jaunes et la contestation de sa réforme des retraites réussira-t-il à faire en sorte que tout rentre dans l’ordre sans problème ? Ce serait la plus humiliante des défaites.