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Après l’annonce du « retrait » de la loi controversée, les rues de Hong Kong grondent encore.

Mercredi 4 septembre, les médias occidentaux se sont empressés d’annoncer le « retrait » de la loi facilitant les extraditions vers la Chine continentale, tant controversée dans les rues de Hong Kong depuis maintenant 3 mois. En y regardant de plus près, Carrie Lam, cheffe de l’exécutif n’a pas affirmé si clairement le retrait définitif de la loi, ce qu’exige le mouvement de contestation. Elle a laissé entendre qu’elle soumettrait « une proposition de retrait » lors des prochains congrès. Une annonce qui ressemble davantage à une tentative de gagner du temps, qu’à un recul pur et simple.

Mensonge et stratégie de communication

Cette annonce ressemble de très près à celles d’Emmanuel Macron lors des pics d’intensité du mouvement des gilets jaunes. Il prétendait être à l’écoute de la colère populaire d’abord en suspendant la taxe carbone temporairement, en augmentant (pas vraiment, ni totalement) le SMIC puis en proposant un grand débat. Cette stratégie de communication se couplait à une forte répression dans la rue. Elles auront toutes deux permis au gouvernement de gagner du temps sur le terrain médiatique tout en étouffant la rue sous des nuages de gaz. Ainsi, ce ne sont pas uniquement les techniques de maintien de l’ordre qui s’exportent partout dans le monde, mais aussi celui l’art de la communication, ou plutôt du mensonge à peine dissimulé pratiqué par les plus hauts fonctionnaires.

#5DemandsNotOneLess

Le mouvement de contestation hongkongais, qui jusqu’ici n’a cessé de nous surprendre, n’est pas dupe. Ses déclarations sont claires : « nous avons cinq demandes, pas une de moins ». En effet, non seulement l’annonce de Carrie Lam est considérée comme un mensonge, mais les manifestants exigent de toute façon quatre autres revendications incompressibles.

En plus du retrait définitif de la loi sur l’extradition ils exigent : la libération sans inculpation des manifestant.es arrêté.es ; le retrait de la qualification d’émeute de la manifestation du 12 juin ; une enquête indépendante sur les violences policières et les abus de pouvoir ; l’instauration pleine et entière du suffrage universel.

Très loin du coup d’arrêt

La dynamique du mouvement et la répression qui l’a accompagnée a d’un côté attisé les désirs d’émancipation de toute une jeunesse, et de l’autre, révélée la nature détestable de la police. Ainsi, l’élan contestataire semble, pour le moment en tous cas, très loin de son coup d’arrêt.

Sur les réseaux, l’avalanche de mèmes ou de sondages en faveur de la poursuite du mouvement donne la température :