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Robotique et surveillance : Le flic de demain sera-t-il un robot ?

Sophie Anderson

Experts en cybersécurité et journalistes spécialisés dans le domaine de la technologie.

MIS À JOUR: 31 mars 2023

– J’ai peut-être l’air stupide mais des êtres comme ça n’existent pas.
– Non, c’est vrai. Pas avant quarante ans…
Terminator, Sarah Connor et Kyle Reese.

Covid-1984

Les semaines que nous avons passées nous auront appris que la science-fiction n’est pas réservée aux séries télévisées. Elles contribuent simplement à nous rendre ces horreurs du futur plus familières. Une chose est sûre : ceux dont le métier est de nous surveiller n’hésiteront pas à utiliser tous les moyens technologiques qui se présenteront à eux. Ce qui est testé et élaboré aujourd’hui en laboratoires par des cohortes d’ingénieurs finira tôt ou tard par faire son apparition dans notre existence réelle. Il suffit que l’occasion se présente.

Ainsi en est-il des applications de pistage sur téléphone mobile, des caméras de reconnaissance faciale et de la surveillance par drone. Si cette dernière vient d’être suspendue faute « d’un véritable cadre légal », soyons certain que l’erreur sera vite corrigée.

Vers des robots-flics

Avec les progrès de la robotique et de l’intelligence artificielle, c’est bien la robotisation de la surveillance qui nous pend au nez : les robots policiers constituent sans aucun doute les agents du maintien de l’ordre du futur. Un inquiétant chien-robot a déjà fait son apparition dans un parc de Singapour pour rappeler les mesures de sécurité et d’hygiène.

Dans de nombreuses villes déjà des expérimentations avec des  robots humanoïdes sont en cours. En 2016 à Dallas, un robot télécommandé équipé d’une bombe avait été utilisé pour « neutraliser » le principal suspect d’une tuerie. « Les négociations ont échoué. Nous avons eu un échange de coups de feu avec le suspect. Nous n’avons pas vu d’autre option que d’utiliser notre bombe portée par un véhicule pour qu’elle détone où le suspect se trouvait. Les autres options auraient exposé nos officiers à trop de danger », a expliqué David Brown, le chef de la police de Dallas. En juin dernier, la ville californienne de Huntington Park s’est dotée d’un nouveau policier baptisé sobrement HP RoboCop. Si les résultats sont peu concluants, la tendance est lancée.

Même chose à Dubaï ou un robot policier a été introduit. Pour l’instant sa mission consiste à dire bonjour et gérer les amendes. Mais le directeur général du département des services intelligents voit les choses en grand : « Nous voulons que tout soit connecté et intelligent au sein de la police dubaïote. En 2030, nous aurons la première station de police intelligente qui ne nécessitera pas d’employés humains ».

Ces robots sont de plus en plus performants. Et la société Boston Dynamics avance à grands pas et présente réguliérement des machines de plus en plus impressionnantes, et de plus en plus terrifiantes.
Logiquement, l’usage de la robotique à des fins de surveillance policière devrait s’accroître dans les années à venir.

Des « robots tueurs » dans l’armée ?

La robotisation des opérations militaires semble elle aussi inéluctable. Pour la collecte d’informations, une plus grande réactivité, une précision accrue pour le tir, ou encore la capacité à travailler en continu. Mais surtout, les robots dispensent d’engager et de mettre en danger des soldats. Ils pourraient être utilisés en première ligne dans le futur. Les « robots tueurs » désignent des robots militaires pourvus de capacités offensives, et plus spécifiquement ceux dotés d’une autonomie suffisante pour prendre la décision d’ouvrir le feu ou non.

Ce sont évidemment ces robots autonomes qui posent le plus des problèmes juridiques et éthiques. Cette fonction doit être activée par un opérateur ou une opératrice humaine, qui peut – en principe – reprendre le contrôle à tout moment. Pour l’instant les ingénieurs précisent que « l’action militaire et la létalité sont des sujets trop importants pour ne pas être pleinement maîtrisés directement par l’homme : le chef doit contrôler ». Mais jusqu’à quand ?

Le marché en tout cas est promis à une extension rapide : Selon une étude de WinterGreen Research le marché mondial des robots militaires terrestres va plus que tripler entre 2014, où le chiffre d’affaires du secteur a été de 3,2 milliards de dollars, et 2021, où il pourrait atteindre 10,2 milliards de dollars.

Il y a malheureusement peu d’arguments, aussi éthiques soient-ils, qui résistent à la raison économique bien longtemps. Le monde qui vient est terrifiant. Et il se pourrait que nous n’ayons pas d’autre choix que de devenir des Sarah Connor.

À propos de l'auteur

Sophie Anderson

Experts en cybersécurité et journalistes spécialisés dans le domaine de la technologie.