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Saint-Etienne du Rouvray. La résistance exemplaire du Rond-Point Des Vaches. RPDV RPZ

Sophie Anderson

Experts en cybersécurité et journalistes spécialisés dans le domaine de la technologie.

MIS À JOUR: 29 mars 2023

Alors que depuis l’acte 5, le gouvernement mène la « bataille des rond-ponts », le rond-point des vaches de Saint-Etienne du Rouvray (l’un des points occupés par les gilets jaunes de l’agglomération rouennaise avec le rond-point de la Motte et le rond point du Zénith) tient bon. À travers cet article, nous revenons sur une partie de ce qui s’est construit et magiquement vécu depuis le 17 novembre.

Tous les moyens possibles ont été utilisés par ce gouvernement pour tenter d’écraser cette révolte. Arrestation massives, préventives et illégales lors des manifestations parisiennes. Utilisation systématique d’armes extrêmement dangereuses (« flashball » LBD-40 et grenades GLI-F4) contre les GJ et les lycéens qui avaient rejoint la bataille. On compte des centaines des blessés graves : 4 mains arrachées, des dizaines de machoires cassées et de personnes éborgnées (le recensement provisoire). Le déploiement d’un tel dispositif policier est inédit dans l’histoire de le 5ème république. Le pouvoir est aux abois.

Dès le 29 novembre, le gouvernement avait décidé d’évacuer tous les points de blocage. Le rond point de la motte avait été attaqué au matin le 30, et c’est en fin d’après-midi que les forces de l’odre avaient tenté d’évacuer le RPDV (notre vidéo). Impuissants malgré les nombreux gazages, les policiers s’étaient contentés alors de saccager les premières cabanes et de se retirer. Déjà les GJ du RPDV s’étaient étonnés d’une telle violence. « Comment charger et matraquer des gens qui venaient de chanter la marseillaise ? », se demandaient naivement certains GJ.

« Les ronds-points sont aussi la colone vertébrale de ce mouvement. »

A chaque fois, au RPDV comme ailleurs, les GJ s’étaient ré-emparés des lieux et avaient continué à les faire vivre. C’est en effet une autre vie qui s’invente sur les ronds-points. Une vie faite de solidarité et de complicité qui vient briser l’isolement auquel nous accule bien souvent la société. Certains parlent de famille ou de camping. Des amours et des amitiés naissent. Sur les ronds points on s’organise pour faire venir de quoi tenir les blocages ou se réchauffer, pour construire des abris (notre article à ce sujet) mais aussi des cabanes et des chalets. On prépare Noel ! Au-rond point des vaches comme ailleurs, dès le premier jour une équipe s’est constituée pour proposer des repas chauds et du café. Le soir, imperturbable même au milieu des gaz lacrymogènes, une dame que tout le monde connait amène une soupe chaude et parfois un couscous pour soutenir et nourrir tout ce beau monde.

Les ronds-points sont aussi la colone vertébrale de ce mouvement. C’est là qu’on se retrouve pour discuter, pour faire circuler les infos et pour organiser ou rejoindre les actions qui visent à bloquer l’économie (Tourville, Rubis, Leclerc SER, Déchetterie, SMEDAR). C’est là qu’on se coordonne avec les autres rond-points, les autres équipes et parfois la CGT, en passant aussi par des « référents » ou des « relais » qui ne sont pas des réprésentants précisent-ils bien souvent. On peut regretter qu’il n’y ait pas plus de moments de discussion collective, des assemblées populaires comme le proposait récemment les GJ de commercy (la vidéo d’appel) mais depuis le 17 novembre les choses ont bien avancés.

On trouve de tout. Des retraités, des jeunes, des salariés, des syndiqués, des « pacifistes », des un peu moins pacifistes écoeurés par la violence policière des dernières semaines. Certains veulent rencontrer des élus et faire signer des pétitions, d’autres mais parfois les mêmes pensent qu’il faut bloquer l’économie en attaquant de cibles stratégigues. Des partisans du RIC et des gens méfiants qui pensent que c’est une arnaque car c’est maintenant qu’il faut obtenir quelque chose. Des bloqueurs et des filtreurs. Des gens qui pensent que la police est avec nous, d’autres qui trouvent qu’il y en a marre se laisser faire. Des gens sobres et des gens moins sobres ! Tous sont gilets jaunes.

« Nous en sommes à la cinquième cabane au moins »

Macron l’a bien compris. S’il veut en finir avec les GJ, c’est maintenant au coeur qu’il faut s’attaquer. Samedi dernier, juste après l’acte 5, Castaner prevenait : « Les ronds-points doivent être libérés ».

Et de fait, la seconde bataille des rond-points a été lancée cette semaine. C’est une véritable offensive. Des centaines de rond-points ont été attaqués par les forces de l’ordre. Mais pas « évacués », comme le disent les médias. Au RPDV, nous en sommes déjà à la cinquième cabane au moins. Mais on ne compte plus. La deuxième avait été construite dans la nuit du 30 avec les restes de la précédente mais avait été détruite aussitôt. Il nous a fallu du temps pour rebondir. Mais une nouvelle cabane, plus grande encore était construite le vendredi 14 décembre. Les baches réalisées par le graffeur local étaient réapparues. La cabane grossissait à vue d’oeil et devenait à nouveau le quartier général du RPDV. Avec de nouveaux messages. C’est mardi dernier que cette cabane a été détruite. Une nouvelle était apparue aussitot à l’extrimé sud-est du RP mais elle s’est fait détruite jeudi matin.

Le pouvoir s’acharne et ne comprend rien : mais qui sont ces gens qui décident de vivre et lutter comme ils l’entendent là où ils le décident ?
Une autre technique est élaborée dans l’eure contre un RP de fleury-sur-andelle : L’interdiction de manifester pour empecher les GJ de se réinstaller. Il est possible d’attaquer cette décision devant un tribunal administratif. Espérons que la-bas les GJ trouveront une parade.

« Ils pourront faire ce qu’ils veulent, on restera là ! »

Au RPDV, les GJ tiennent bons. Ils reviennent après chaque intervention policière. Après chaque destruction. Tous sont attachés au RPDV et portés par la même certitude inébranlable : « On ne lachera pas ». « Ils pourront faire ce qu’ils veulent, on restera là ! ».

Cette bataille le gouvernement et Macron sont aussi en train de la perdre. La cote de popularité n’a jamais été aussi basse pour un président et les GJ sont toujours soutenus par près de 70% de la population.

Certains rêvent déjà de constuire en dur. Les actions continuent. On manifeste à Rouen samedi. On parle déjà de passer le jour de l’an sur le RP. Et en 2019, on lache rien, on continue !

À propos de l'auteur

Sophie Anderson

Experts en cybersécurité et journalistes spécialisés dans le domaine de la technologie.