Écologie

Cris de joie et reprise de l’ascendant Expulsion de la ZAD - Jour 2

Nos envoyés spéciaux Rouen dans la rue relatent le deuxième jour d’expulsion de la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes qui a débuté lundi 9 avril au matin.

A l’heure où nous écrivons, les explosions des grenades offensives résonnent encore sur toute la ZAD. Les affrontements ont éclaté plus tartivement aujourd’hui, aux alentours de 7 heures du matin. Les barricades, quartiers par quartiers, étaient tenues depuis la veille au soir, afin d’anticiper un déploiement policier sur une autre partie de la zone. Finalement les flics ont décidé de rejouer la partie à partir de là où nous l’avions terminée hier. Toute la nuit les blindés s’étaient chargés de balayer toute tentative de re-barricadage de la D281.

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A l’aube, les flics sont déjà déployés sur la route des Fosses Noires. Un front s’ouvre ici. Puis un autre au niveau de la Chèvrerie que les escadrons de gendarmerie n’avaient pas réussi à évacuer la veille. L’affrontement se situe d’emblée sur un autre niveau que la veille, en réaction à la violence de l’expulsion et à la rage liée à la destruction de nos lieux de vies et d’organisation. La Chèvrerie est expulsée dans la matinée, puis détruite. Paralèllement, sur le front des Fosses Noires, les premiers cocktails molotovs pleuvent et les forces de l’ordre se retrouvent face à des escarmouches toujours plus nombreuses. De plus en plus monde rejoignent la zone et nous sommes maintenant des centaines à tenter de repousser les flics et entraver leur opération, à tel point, que face à la détermination croissante, les lignes reculent ! Les cries de joie retentissent et les opposants reprennent l’ascendant. Un nouveau front se forme au niveau des Vraies rouges, qui est probablement la prochaine cabane prévue à la destruction.

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D’énormes barricades sont érigées sur la route, et dans le bois sur le flan droit. Des arbres sont couchés par ralentir le déploiement des forces de l’ordre. Les terrains boisés ne les mettent pas à l’aise : les fenêtres de tirs sont maigres, les lacrymogènes et autres grenades qu’ils n’hésitent pas à envoyer rebondissent régulièrement sur des branches pour finir à leur pied. A maintes reprises, le vent est avec nous. Nous anticipons un certain nombre de leur déploiement et réussions à les repousser.

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Sur la route, à une trentaine de mètres de la barricades principales, les GM sont déployés avec leur blindé. Ce dernier, à chacune de ses charges accompagnées d’une vingtaine de flics, essuie des tirs de molotov jaillisant des bosquets ici et là. Dans l’après-midi, les grenades offensives sont tirées chaque minute et la stratégie de l’asphyxie est adoptée : des palais de gaz lacrymogène pleuvent littéralement sur les opposants : ceux des premières lignes comme les soutiens restés plus en arrière. On ne voit pas 1 mètre.

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Dans l’après midi, leur stratégie nous apparâit plus clairement. Bien que nous les ayons fait reculer ils n’ont pas vraiment l’intention d’avancer plus en avant vers le centre ZAD, pour le moment. En nous contenant de ce côté là de la D281 et en déployant des GM tout du long, ils peuvent assurer serienement la destruction et le « nettoyage » de tout l’Est.

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Quand bien même nous sentons, que matériellement et militairement, les forces de l’ordre ont l’ascendant, cette journée fut une montée en puissance dans la lutte contre l’expulsion et ouvre des possibles pour la mise en déroute de l’opération actuellement menée par le gouvernement. L’harcèlement permanent du dispositif et l’assentiment général parmi les différentes franges d’opposants sur les pratiques de lutte renforce l’idée qu’une résistance tenace est possible. La préfète a par ailleurs annoncée aujourd’hui que le plan d’évacuation de 40 lieux illégaux était rabaissé à 30. Edouard Philippe a rejoint vers 18h une cellule de crise ouverte face à l’opération militaire difficile ! Si le gouvernement ne semble pas vouloir s’enliser dans le conflit bocager, notre objectif est de gagner du temps, rendre leur tâche la plus difficile possible et réussir à converger massivement cette semaine pour défendre la ZAD, se retrouver samedi à Nantes et dimanche sur zone !

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