Etats-Unis : Quand lécher un produit dans un supermarché devient un « acte de terrorisme » et le crachat « une arme biologique » !
Splendeur et misère de l’anti-terrorisme
Dans le Missouri un jeune homme de 26 ans est actuellement accusé de terrorisme pour avoir léché des produits de toilette dans un supermarché en s’esclaffant « qui a peur du coronavirus ? »,
Lécher une boîte de conserve dans un magasin ? En ce moment aux États-Unis ça n’est pas simplement un manque de civisme cocasse, c’est aussi potentiellement un acte de terrorisme. Cela fait des années que les tensions sociales sont fortes. Suite à l’élection de Trump, non seulement des groupes d’extrême-droite s’affichent avec leurs armes, mais des groupes d’extrême-gauche montent eux aussi des « gun clubs ». Le coronavirus augmente encore ces tensions, et d’ailleurs le réflexe commun des Américains face à l’épidémie a été d’acheter massivement des armes à feu. Certains magasins ont restreint les quantités individuelles de munitions en vente pour éviter la pénurie.
Dans ce pays où un séjour à l’hôpital coûte un prix affichant jusqu’à cinq ou six chiffres, les soins inaccessibles et l’individualisme sont un cocktail explosif. La politique juridique du gouvernement participe aussi de cette frénésie. Un mémo du ministère de la justice américain a informé l’ensemble des structures de police et des procureurs des États-Unis que désormais, un acte de dissémination du Covid-19 (comme donc le fait de cracher sur une marchandise ou sur quelqu’un), pouvait être considéré comme l’usage d’une arme biologique. Et dès lors constitue potentiellement une attaque terroriste. Et ça n’est pas qu’une menace : dans le Missouri un jeune homme de 26 ans est actuellement accusé de terrorisme pour avoir léché des produits de toilette.
L’acte étant crétin, il est tentant de se dire que la qualification de terrorisme est anecdotique. Une nouvelle preuve que les États-Unis sont le terrain de jeu d’un grand n’importe quoi à proportion continentale. Le mémo de la plus haute autorité judiciaire rend la question un peu plus sérieuse. En regardant le document de plus près, on voit d’ailleurs que c’est non seulement le fait de tousser sur quelqu’un qui peut être tenu comme acte de terrorisme, mais aussi tout canular à propos du coronavirus. Cette qualification évidemment absurde nous renvoie au fait que « terrorisme », avant d’être une catégorie du droit, est une catégorie du politique, qui permet de désigner l’ennemi. L’antiterrorisme est une politique qui s’applique autant aux massacres commis par des groupes islamiques par exemple, qu’aux mouvements sociaux. Aux États-Unis comme en France et en Europe, l’antiterrorisme est une aubaine pour les gouvernements, qui peuvent ainsi justifier leur existence protectrice. C’est pourquoi ils entretiennent d’ailleurs savamment la figure du terroriste comme un clandestin rigoureux, sanguinaire, terrifiant, alors que très souvent ce ne sont que des paumés, des militants politiques, et maintenant des lécheurs de PQ. L’antiterrorisme est donc surtout une opération de gouvernement qui permet de maintenir la population dans la peur et d’attaquer les mouvements révolutionnaires. Dans les démocraties, c’est ce qui permet de tenir ensemble l’état de droit et des violations à l’état de droit et aux procédures pénales. Ces violations sont largement politiques mais elles sont perçues comme légitimes.
Derrière toute bonne anecdote il y a une bonne leçon. Certes il y a donc un idiot dans le Missouri qui voulait blaguer à propos du coronavirus, mais ce que nous retenons c’est que l’antiterrorisme est, de plus en plus, une arme précieuse pour les gouvernements.
Source : https://www.lemonde.fr/…/coronavirus-aux-etats-unis-tousser…
https://metro.co.uk/…/man-licks-toiletries-supermarket-ask…/