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La France se dirige vers une situation similaire à celle de l’Italie

✴️ CORONAVIRUS - FRANCE/ITALIE

France - Dans une opération de communication époustouflante, Macron a tenu à nous faire comprendre qu’il avait les choses bien en main et qu’il comptait bien nous gouverner. L’occasion était trop belle pour ne pas donner le spectacle de son pouvoir : » Toutes les écoles seront fermées, nous allons reprogrammer les opérations lourdes et non-urgentes pour mieux disposer du personnel médical, mais grand-prince nous retarderons les expulsions locatives de deux mois ». Car tel est le sens de la république et de la solidarité. Situation hallucinante où soudainement un type haï prétend qu’il veut régler nos existences pour notre bien. Quels que soient les risques réels, et nous ne doutons pas qu’ils existent, c’est une expérience inédite de gestion de la population qui vient de s’ouvrir. Nous attendons avec inquiétude la suite. Mais le temps est à l’état d’exception.

Les nouvelles d’Italie continuent d’arriver. Là-bas, il faut désormais remplir une autorisation si l’on compte se rendre dans la rue. On a bien l’impression de contempler notre propre destin.

Italie - Témoignage

Depuis mardi 10 mars, toute l’Italie est devenue une « zone rouge ». Le décret qui s’appliquait précédemment (depuis le 8 mars) dans les départements les plus touchés est désormais étendu à tout le territoire. Ce décret impose un confinement avec interdiction de sortir sauf pour un motif professionnel, de nécessité de base (courses alimentaires) ou de grave urgence. Les déplacements doivent tous être justifiés par une déclaration de l’employeur, ou bien une auto-déclaration (voir photo) remplie par la police au moment du contrôle en cas d’urgence médicale (à l’exception des malades du coronavirus qui doivent rester chez eux).

Une distance d’au moins un mètre doit séparer les personnes, à l’intérieur comme à l’extérieur. Aucun contact physique n’est autorisé et il y a une interdiction de circuler à plus de trois personnes.

Tous les évènements publics sont interdits, manifestations comprises.
Il y a des postes de contrôle et des check points sur tous les axes routiers principaux, toutes les gares, aéroports et ports qui sont désormais contrôlés par la police.
Ne pas respecter ces mesures est d’ores et déjà considéré comme un délit passible de trois mois de prison et de 206 euros d’amende.

La situation est dingue à Milan. Après trois semaines de vie au ralenti, nous sommes depuis trois jours dans une ville complètement déserte. Le confinement s’applique presque à tout le monde. Les seuls “privilégiés” qui ont un laissé passer sont ceux qui doivent encore se rendre sur leur lieu de travail. Au début, ça faisait des vacances improvisées, c’était agréable pour tout le monde, mais au fur et à mesure que les directives ministérielles se sont renforcées, la panique est entrée en jeu. On a pu assister à des scènes surréalistes de supermarchés vidés complètement en moins de deux heures, de gens qui se bagarrent pour un paquet de riz et un pack d’eau, ou de lynchages de personnes d’origines asiatiques dans les rues.

Le niveau de contrôle devient de plus en plus lourd et inévitable.
Le contexte explosif et historique qu’il y a à l’intérieur et autour des prisons italiennes est assez difficile et complexe à gérer. Le sentiment prédominant est le tiraillement entre l’envie de suivre et d’aider cette lutte qui est d’un niveau jamais vu, et la responsabilité collective par rapport à la diffusion du virus.

Le plus gros problème de l’Italie pour affronter cette épidémie est le système sanitaire complètement endetté. Son manque de solidité ne permet pas de subvenir aux besoins médicaux de prévention et d’intervention. Il y a des disparités énormes en terme de qualité de soin et de structures, matériel, logistique, personnel d’une région à l’autre.

On s’attend ici a une militarisation du territoire d’ici peu. Des rumeurs courent déjà sur les réseaux sociaux parlent des militaires mobilisés envoyés dans le nord de l’Italie. D’ailleurs, les gens utilisent les réseaux sociaux et les messageries variées pour contraster l’isolement et le manque de communication (groupes whatsapp dans chaque ville).

Hier soir, une nouvelle directive est passée : seuls les magasins de première nécessité sont désormais autorisés à ouvrir (alimentaire, pharmacies et stations essence) et tout le reste sera fermé.