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Lubrizol. Plusieurs milliers de personnes dans les rues de Rouen pour exiger la vérité

Plusieurs milliers de personnes se sont réunies hier à 18h à l’appel de plusieurs organisations syndicales, écologistes et collectifs citoyens. Selon nos estimations, entre 2 et 3000 personnes étaient présentes. La pluie n’aura pas dissipé la colère qui gronde à Rouen depuis l’incendie de l’usine Lubrizol.

Massé auprès du Palais de Justice, et après quelques prises de paroles, le cortège s’élance en direction de la Préfecture. Les slogans invectivent d’un côté les industriels de Lubrizol et de l’autre le préfet, les ministres sans oublier Macron. Un grand étandart nous dit : « Marre de se faire enfumer. Rendez-nous notre air normalement pollué ». Sur une ambiance tantôt syndicale, tantôt gilets jaunes, la déambulation se déroule dans le calme.

Les masques sont de rigueur et la pratique n’est pas seulement symbolique. L’odeur fluctuante ne va pas sans rappeler les raisons de la colère et l’inquiétude qui règne sur Rouen depuis 5 jours.

La préfecture est sous haute surveillance. Des gendarmes mobiles protègent les grilles. Une délégation est reçue par le préfet. Ce n’est finalement que son secrétaire qui les reçoit. Ils échangent sur les banalités de l’événement enrobé d’un discours rôdé sur la gestion de l’urgence, et rien d’autre. Aucune réponse n’est apportée. Rien d’étonnant.

Une partie du cortège s’élance alors à l’arrière du bâtiment préfectoral, du côté de la sortie des voitures. D’autres policiers protègent l’accès et la situation se tend. Face au statu quo, la dernière centaine de manifestants part en manifestation sauvage dans la ville de Rouen, sous la pluie, dans la nuit.

Rien de spectaculaire de prime abord. Il est cependant notable que des milliers de personnes se mobilisent non pas contre la fermeture d’une usine ou la suppression d’emplois, mais bien parce qu’ils considèrent l’industrie chimique comme nocive pour eux, leur famille et leur milieu de vie. On assiste ici, peut-être, à un déplacement du seuil de tolérance quant aux productions nocives. Ce qui est mis en cause, c’est un mode de production ainsi que le pouvoir qui en assure sa pérennité par l’opacité et le mensonge.