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Nucléaire : Trafic de déchets radioactifs entre l’Allemagne et la Russie pendant le confinement

Profitant du confinement (et de celui des militants), l’Allemagne envoie ses déchets radioactifs en Russie !

 

Le géant du nucléaire Urenco profite de la crise pour envoyer des déchets (uranium appauvri) en Russie. En Rhénanie-du-Nord-Westphalie, 13 wagons de déchets sont partis ce lundi 4 mai de l’usine d’enrichissement de l’uranium de Gronau. Le cargo russe « Mikhail Dudin » attendait cette « cargaison spéciale » depuis plusieurs jours dans le port d’Amsterdam.

Le convoi a été brièvement bloqué à Münster. Des militants ont pu organiser quelques piquets autorisés par le pouvoir fédéral à condition de respecter les distances et de porter un masque, à Münster, Burgsteinfurt et Nordwald. Des militants et des organisations russes manifestent depuis des années contre l’importation de tels déchets vers le complexe industriel de la ville fermée de Novouralsk (région de Sverdlovsk), dans l’Oural. Mais actuellement, côté russe, toute manifestation est interdite.

Depuis le début de l’année, près de 2000 tonnes de déchets nucléaires ont été envoyées en trois expéditions en Russie par l’Allemagne. Lors des précédentes expéditions d’uranium d’Allemagne vers la Russie des actions coordonnées en Allemagne, aux Pays-Bas et en Russie avaient réussi à retarder les trains. Les actions avaient été si fortes que les autorités locales hésitaient alors à accepter le passage de tels trains à l’avenir sur leur territoire.

Entre 2016 et 2019, ces transports de déchets se faisait en secret, mais la coordination des actions entre les pays permet aujourd’hui de mieux les médiatiser. L’une des victoires des militants avait été de rendre impossible le passage des déchets par la mer Baltique, ce qui avait entraîné une interruption de trois mois sur le calendrier de transport. Fin octobre 2019, Urenco a signé un contrat avec Techsnabexport (une filiale de Rosatom - l’entreprise publique russe spécialisée dans le secteur de l’énergie nucléaire) pour l’exportation de 12 000 tonnes de « résidus » d’uranium vers la Russie. Il s’agit de déchets radioactifs et toxiques provenant du processus d’enrichissement de l’uranium.

Officiellement, ils sont importés pour ce qu’on appelle « enrichissement supplémentaire » : l’industrie nucléaire prétend qu’il ne s’agit pas d’une importation de déchets, mais d’un service de haute technologie. En pratique, par ce tour de passe-passe, jusqu’à 98% des déchets importés restent ensuite en Russie, et seule une partie négligeable est renvoyée sous forme d’enrichissement supplémentaire à l’Allemagne.

Le collectif russe pour la défense de l’environnement Ekozachita dénonce ce qui est en fait un plan pour contourner l’interdiction d’importation de déchets radioactifs étrangers en Russie. La gestion de ces déchets en Allemagne est beaucoup plus coûteuse que leur envoi en Russie. Et le gouvernement russe n’a aucun égard pour l’environnement et la santé de la population. L’année dernière, plus de 30 organisations russes de défense de l’environnement et des droits de l’homme se sont opposées à l’importation de « résidus » d’uranium en Russie.

Plus d’infos sur le site d’Ekozachita: https://ecodefense.ru/2020/05/04/2000-tons
-of-nuclear-waste/