Dans la rue

ROUEN - Récit et photos de l’Acte XI des Gilets Jaunes

Rouen. Acte XI. Un gilet jaune nous envoie le récit de sa journée.

J’arrive au rendez vous de l’après-midi à l’hôtel de ville. Environ 1000 personnes, dont beaucoup de jeunes en tête de cortège. Je prend des nouvelles de la matinée : elle était calme, mais marquée par une action des Identitaires rouennais (groupe d’extrême droite) au niveau de la gare.

Le cortège part rue Jean Lecanuet. Les vitrines des agences immobilières et d’assurances se font fracasser sur le parcours. Nous poursuivons vers la banque de France. Les caméras de celle-ci sont une fois encore dégradées. Les flics sont sur la place Cauchoise, les gens avancent vers eux pacifique les mains levées. Premier gazage, ça reflue dans les ruelles vers la place de la pucelle. La BAC arrive en même temps, rue des Bons enfants. Ralliement au niveau de la banque Société Générale rue Jeanne d’Arc, puis on se dirige vers le Palais de Justice. Ici, une barricade est dressée avec des barrières de chantier. Les flic gazeront plusieurs fois, sans arriver à repousser les manifestants, qui renverront systématiquement les palets de gaz lacrymogène et réussiront à tenir la barricade pour un temps.

Finalement, des GLI-F4 sont tirées, de concert avec des tir de LBD40, dont les impacts se feront entendre sur les tôles de la barricade. Plusieurs personnes sont blessées à ce moment-là. Un gilet jaune se tord et se met à hurler à côté de moi, touché derrière le genoux. Un autre est touché superficiellement à la tête. On me dit qu’un autre est gravement blessé, touché à la tête par un tir de flashball. Les pompiers viendront en effet l’évacuer.

On part vers la Place de la pucelle, la BAC derrière nous. Arrivés sur la place, ça se met à courir. Je prend les petits escaliers couverts, et m’échappe par la rue. Ceux qui prendront du côté du tunnel piétons se feront choper par une ligne de flic.

À ce moment-là, je suis avec la quarantaine de personnes la plus déterminée de la manif. On s’en rend compte, et rapidement on comprend qu’on a l’avantage de la mobilité, et ça nous motive. On prend de vitesse les flics et on retourne en trottinant jusqu’au carrefour du Gros horloge, avec des guetteurs en avant pour s’assurer qu’on est pas attendu dans les rue adjacentes. On rejoint la place de la Cathédrale, mais les flic sont là aussi prêts a nous recevoir, et on se disperse dans le quartier St. Nicolas et sur la rue de la République. Fin de manif pour moi à ce moment.

Bien qu’une grosse partie des gilets jaunes normands aient répondu à l’appel d’Évreux, la détermination était au rendez-vous dans les rues rouennaises. Moins nombreux que la semaine passée (comme les flics d’ailleurs) mais bien plus courageux face aux attaques policières. La semaine prochaine, les GJ normands se remotivent pour Rouen. L’appel pour l’acte XII est déjà lancé.

Photos (source Paris-Normandie et @NeppelLiam)