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Solidarité avec Jimmy - Gilet jaune de Rouen

Le mouvement contre la réforme des retraites bat encore son plein, mais les conséquences du mouvement des Gilets Jaunes continuent encore de s’abattre sur ceux qui se sont jetés dans la bataille l’an passé. Des milliers de blessés et de condamnés subissent encore aujourd’hui la douleur des opérations policières et judiciaires. Si la répression a pour effet d’individualiser les actes et les sanctions, il est vital de ne pas laisser les victimes se débrouiller seules. Une personne arrêtée ou touchée et c’est le mouvement entier qui est attaqué. Ainsi nous relayons aujourd’hui le pot solidaire en soutien avec Jimmy, gilet jaune de Rouen.

Dans une vidéo et un texte explicatif, il raconte les galères qu’il enchaîne depuis ses trois condamnations pour des faits commis au cours du mouvement des gilets jaunes.

Faire un don : https://www.lepotsolidaire.fr/pot/o0bcwvg6

Bonjour. Je m’appelle Jimmy B, j’ai 43 ans. Gilet jaune de la première heure j’ai été arrêté et condamné trois fois. Je m’en sors pas. J’en appelle à votre soutien et votre solidarité pour m’aider à payer les frais liés à la condamnation (1500 euros). Je vais aussi être condamné à verser des dommages et intérêt mais dans le droit français, on ne peut pas faire de cagnotte pour ça.

Voici mon histoire : J’ai un fils qui va avoir 18 ans et ma fille a 14 ans à qui je verse une pension. Je vis à Sotteville-lès-Rouen.

J’étais chômeur au début du mouvement des gilets jaunes. J’ai rejoint le mouvement dès le premier weekend de mobilisation au rond-point des vaches. Je me suis mobilisé pour des causes comme celle de mes parents qui gagnent 1800 euros à eux deux, pour les retraites, pour ma propre situation, on ne me propose rien, tout augmente. Cela fait trop longtemps qu’on nous arnaque. J’ai fait un peu d’intérim, du chômage, je m’en sors en vendant des bricoles sur des foires à tout.

J’ai toujours été gilet jaune. Cette révolte m’a réveillé et comme des milliers je me suis jeté à fond dans le mouvement. Les premières semaines j’étais à Barentin sur les actions de blocage de la zone commerciale. Ensuite j’ai fait toutes les manifestations du centre-ville de Rouen.

Courant février, le calvaire démarre. La cellule d’enquête spécial « gilet jaune » me tombe dessus. J’ai été perquisitionné 7 fois : chez mes parents, chez un ami, chez moi (3 fois le même jour), dans mon véhicule. Des policiers se sont rendus là où j’ai effectué des missions d’intérim. De gros moyens ont été déployés. En tout j’ai fait trois garde-à-vue de février à mai qui ont donné lieu à trois procès suivis de trois condamnations.

On m’a reproché une obstruction de la voie publique et dégradations à Barentin pour des faits qui remontaient au mois de décembre 2018. On me reproche la participation à l’incendie du distributeur automatique de la rue Louis Ricard, le 5 janvier 2019. Et enfin, la participation à la dégradation de l’agence bancaire Société Générale rue Jeanne d’Arc samedi 2 février. Chaque fois les montages des enquêteurs et la pression en garde-à-vue a joué en ma défaveur et ont entraîné ma condamnation. Pour l’incendie du DAB par exemple, j’ai simplement déplacé une poubelle et c’est ce qui me vaut une lourde condamnation.

En tout j’ai été condamné à de nombreux mois de suris assortis de mise à l’épreuve sur 5 ans. Une condamnation à payer les dommages et intérêts des banques va suivre. Elle devrait s’éléver à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Ajourd’hui déjà je ne m’en sors par pour payer les frais liés à la condamnation (frais d’avocat et frais de justice) : 1500 euros.

Trop de précarité, trop de gens qui galèrent, voilà pourquoi j’avais la rage et que je me suis lancé dans le mouvement. Aujourd’hui je me retrouve plus dans la galère qu’avant. Je vais devoir payer toute ma vie. Mais je lâche rien.

Aujourd’hui je suis en formation et je gagne 600 euros par mois environ. Mais cela ne permet pas de sortir de la tête de l’eau. J’en appelle à votre soutien et à votre solidarité pour pouvoir payer une partie de mes frais de justice. Merci. Vive les gilets jaunes !