Samedi 8 décembre. Les gilets jaunes bloquent pour le quatrième samedi consécutif la plus grande zone commerciale de Seine Maritime ! Dès 9h00, les forces de l’ordre sont présentes en très grand nombre pour tenter de débloquer la zone. Des gaz lacrymogènes sont utilisés dès leur arrivée pour dégager le rond-point, accès principal de la zone. Sont présents au minimum 9 véhicules de la Police Nationale, 4 véhicules banalisés de la BAC et 8 fourgons de gendarmes mobiles pour faire face à 70 Gilets jaunes !
Très vite le rond-point est débloqué par les forces de l’ordre en surnombre. Ordre est donné aux Gilets jaunes de se disperser et de rejoindre leurs véhicules pour quitter les lieux. Se forment alors une multitude de petits groupes de 4 à 5 personnes sur les parkings, groupes qui se rassemblent et re-fusionnent régulièrement au milieu de l’immense zone commerciale. Personne ne semble avoir envie de rentrer chez soi.
Les policiers sont de fait contraints de réitérer leurs sommations toutes les 10 minutes et comprennent vite qu’au milieu de plusieurs hectares de parkings, ils sont impuissants face à la mobilité des gilets jaunes qui les voient se mettre en place. La technique habituelle de la nasse est impossible ici d’autant plus que des clients commencent à arriver sur les parkings, espérant faire du shopping ! Il est très difficile pour la police d’identifier qui vient et pourquoi puisque les bloqueurs ont pour la plupart enlevé leurs gilets.
Pendant près de trois heures, les mêmes scènes se répètent. Sommations, gaz lacrymogène et charges de quelques mètres. La stratégie policière consiste alors à procéder à quelques interpellations pour « attroupement » pour semer la peur chez les Gilets jaunes en espérant les voir quitter les lieux. La Police Nationale a dépêché sur place sa photographe qui fait quelques clichés de propagande ; il ne s’agira finalement que d’immortaliser leur impuissance.
Les 70 Gilets jaunes continuent donc de promener les équipages de police à travers la zone commerciale. Toutes les enseignes sont contraintes de rester fermées et les clients stationnés commencent à quitter les lieux ; klaxonnant en guise de soutien aux Gilets jaunes qui sont poursuivis par des policiers. Pendant ce temps des renforts commencent à arriver depuis Tourville-la-Rivière mais sont tenus à l’écart de la zone commerciale par les gendarmes mobiles.
Vers midi, les Gilets jaunes sont de plus en plus dispersés sur les différents parkings et ne forment plus que des petits groupes très éloignés les uns des autres. Le moral est en berne car de plus en plus de clients arrivent à nouveau et certaines enseignes commencent à ouvrir. Tout le monde pense à partir pour rejoindre d’autres points de blocages. Dans le même temps, les véhicules de la Police Nationale quittent le secteur. La rumeur indique que leur présence est nécessaire à Rouen pour tenter de contrôler les manifestations organisées dans l’après-midi.
Quelques minutes plus tard, une centaine de Gilets jaunes surgit en chantant. C’est le renfort qui vient de réussir à contourner le dispositif qui le tenait hors de la zone. Les gilets jaunes sont alors près de 150. C’est suffisant pour faire le tour de dizaines d’enseignes ayant ouvert leur rideau, chose que n’avaient pas osé cette fois Carrefour et Ikéa. Tous les magasins sont fermés les uns après les autres. Les gendarmes mobiles présents ne sont plus très nombreux, ils tentent quelques charges sans succès. Les Gilets jaunes sont galvanisés par leur nombre et ce revirement de situation !
Vers 14h00, les Gilets jaunes sont rejoints par de nouveaux renforts, plus jeunes cette fois-ci. Des barricades de pneus sont aussitôt rallumées sur le rond-point d’accès principal. Les charges des gendarmes mobiles sont suivies de contre-charges de Gilets jaunes qui les forcent à reculer. En sous-effectif, les gendarmes mobiles quittent la zone. Intersport, Darty et Leroy Merlin qui avaient eu l’imprudence d’ouvrir à nouveau leur porte sont aussitôt forcés à fermer par les Gilets jaunes. Les rares clients restants sont invités à quitter les lieux. Une vitrine est brisée suite à des insultes proférées par le directeur d’Intersport.
Aux alentours de 15h00, seuls les Gilets jaunes semblent encore présents dans la zone commerciale. L’activité économique sur place vient d’être totalement empêchée pour un quatrième samedi de suite !