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Vers une sécheresse historique ? Une nouvelle catastrophe pointe son nez

Taux d’ensoleillement, température, absence de précipitation, sécheresse agricole : des taux records ou exceptionnels qui présagent le pire.

Hier nous rappelions, à propos du fameux « retour à la normale », que depuis longtemps la normale ça n’est rien d’autre qu’une suite ininterrompue de catastrophes. Nous connaissons actuellement une forme de catastrophe assez courante dans l’histoire des sociétés humaines : l’épidémie. Mais pour la première fois c’est la fragilité d’un système qui repose sur l’interdépendance généralisée qui est apparue aux yeux de tous. Le gouvernement par exemple avait réduit son stock de masques en s’imaginant qu’en cas de problème il pourrait toujours recommander en Chine. C’est littéralement à mourir de rire.

Mais notre époque est bien celle des catastrophes répétées. Le confinement a pu nous les faire oublier mais elles ne manquent pas de se rappeler à nous. À commencer par le réchauffement climatique. Beaucoup d’éléments indiquent que nous nous dirigeons vers une sécheresse historique. C’est même le début de printemps le plus sec jamais observé sur certaines régions. Voilà ce qu’on peut lire sur un site spécialisé :

« Au-delà des températures anormalement élevées qui font suite à un hiver déjà historiquement doux, ce sont les anomalies de hautes pressions qui frappent en cette première partie du printemps 2020, responsables d’un manque cruel de pluie dans plusieurs régions.
De telles anomalies de pression sont impressionnantes de par leur étendue et leur longévité, surtout à une saison où le continent européen est normalement concerné par des conditions très tempérées avec une succession de périodes calmes et périodes instables (la définition d’un printemps normal en Europe).
Avec ces hautes pressions omniprésentes depuis des semaines sur la moitié nord de la France, plusieurs régions enregistrent des taux d’ensoleillement exceptionnels, voire records. Avec ces hautes pressions durables responsables d’un ensoleillement record et d’une absence quasi-totale de pluie, la sécheresse de surface ou « sécheresse agricole » s’est développée un peu partout en France et atteint des niveaux exceptionnels dans certaines régions.
En cette mi-avril, l’humidité des sols atteint des niveaux très bas sur une grande partie de la France. Toutes les régions du nord et de l’est sont fortement touchées par la sécheresse de surface et seul le département des Pyrénées-Orientales enregistre des sols plus humides que la normale. Par endroits, la sécheresse atteint même des niveaux records pour cette époque de l’année ! »

C’est pour les agriculteurs que la situation est particulièrement préoccupante actuellement mais ça devrait évidemment avoir des répercussions sur ceux qu’ils nourrissent. Au Zimbabwe et dans toute l’Afrique australe, la sécheresse s’installe de manière durable et met en péril la vie de dizaines de millions de personnes. Dans l’Ouest américain on craint une « méga-sécheresse » depuis de nombreuses années. En France, après des épisodes de sécheresse en 2018 et en 2019, les agriculteurs craignent de connaître une nouvelle année sèche. La culture de céréales est déjà bien touchée.

La tendance n’est pas nouvelle, elle n’est pas exceptionnelle, elle est directement liée au réchauffement climatique. Certains parlent d’anthropocène pour indiquer que les activités humaines sont devenues un facteur géologique de transformation du climat. Il est plus juste de parler de capitalocène pour indiquer que ce sont bien les activités de production et d’exploitation apparues avec le capitalisme marchand à partir du XVIIIe siècle qui sont en cause.

Voilà le problème fondamental auquel nous aurons à faire face quand la question de la pénurie de masques et de respirateurs sera derrière nous. Ici aussi les gouvernements font preuve d’une inaction coupable. Mais il ne s’agit certainement pas d’incompétence. Hors crise sanitaire exceptionnelle, leur fonction est d’accompagner la bonne marche du capitalisme quel qu’en soit le coût humain et écologique. La seule question qui vaille : Où se trouve le putain de bouton d’arrêt d’urgence ?