Note : Depuis la réalisation de ce reportage, un appel à se rassembler devant le palais de justice de Rouen a été donné pour le mercredi 5 janvier 2022. Pour les Jardins Joyeux, l’enjeu est d’obtenir un délais supplémentaire ou tout du moins, le respect de la trêve hivernale.
Vendredi 17 décembre, la cour d’appel de Rouen a rendu un verdict demandant l’expulsion des Jardins Joyeux pour le 10 janvier 2022 suivant de ce fait la demande qui était celle du promoteur véreux Sedelka. Pourtant, chose curieuse, alors que la société réclamait l’annulation de la trêve hivernale, le juge a omis de préciser si celle-ci restait en vigueur.
Au-delà de cet imbroglio, le jugement reste particulièrement sévère au regard de son contenu. En effet, la justice s’est tout bonnement contentée de nier la présence dans l’édifice de personnes (dont des familles) sans domicile, balayant de ce fait toutes les preuves en témoignant présentées par l’avocate des jardins.
Depuis maintenant 6 mois, les occupants du 2 rue de joyeuse se battent afin de protéger cet ancien foyer catholique d’un projet urbain destructeur : la construction d’une résidence de près de 150 logements - la plupart de haut standing - au cœur d’un quartier déjà exigu.
Loin de se limiter aux personnes engagées dans le collectif, le projet de la société caennaise Sedelka rencontre aussi une nette hostilité de la part des riverains. S’étant fait une spécialité de racheter et saccager édifices historiques le projet porté par ce groupe implique notamment, la dénaturation d’un bâtiment du XVIIIème siècle ainsi que la construction d’une barre d’habitation coupant de part en part les jardins.
Pour les riverains, l’impact le plus pesant sera très probablement celui de la circulation. Afin de d’accéder aux exigences du « tout-voiture » dans une ville où la circulation est déjà difficile, le projet prévoit la construction d’un vaste parking souterrain pour la résidence. Parking dont la sortie devrait aboutir à l’angle de la rue de Joyeuse et de la rue des Deux Anges qui - bien qu’elles soient à double sens - ne permettent pas aux voitures de se croiser.
Alors que le centre-ville de Rouen manque cruellement d’aération, les occupants désirent de leur côté voir les 4000m² de jardins devenir un parc ouvert à tous. Disposant d’ores et déjà de potagers, cet espace aurait à terme vocation à devenir un lieu pédagogique où chacun pourrait s’instruire sur la culture maraîchère.
Bien évidemment, le projet alternatif ne néglige pas les bâtiments qui occupent une surface équivalente à celle des jardins. Idéalement, ces derniers devraient accueillir - comme c’est déjà le cas - des activités culturelles telles que des concerts ou des ateliers (théâtre, artisanat, etc.) essentiels à une vie de quartier épanouie.
Même devant cette décision, les défenseurs des Jardins Joyeux ne capitulent pas et sont déterminé à continuer leur lutte. Dans un premier temps, ils demandent un éclaircissement sur le sens de ce bien étrange verdict.