Samedi 26 janvier, pour l’acte XI, les gilets jaunes du 27 appelaient les normands à se retrouver dans la capitale Euroise. L’objectif ? Mettre la pression sur les arrêtés préfectoraux interdisant les regroupements de gilets jaunes dans le département qui courrent depuis plusieurs semaines. Plus de 1500 personnes ont répondu à l’appel pour plus de 6 heures de manifestation.
Banque de france visée et forces de l’ordre tenues à distance
Banderoles, pancartes, slogans, pots à fumée, fumigènes et pétards impulsaient le cortège au départ de l’Hôtel de ville d’Évreux, peu après 10h. Après un passage par le centre-ville commerçant, la manifestation passe aux abords de la Banque de France. Devenu un vértiable rituel dans toutes les villes de France, celle-ci est à son tour attaquée et ses grilles forcées. Certains considéreront cet acte comme trop précoce dans la journée mais malgré tout comme chargé de sens.
À plusieurs reprises, des voitures de patrouille municipales, bien trop proches du cortège, seront inquiétés par quelques salves de pierres et pétards. Ils se tiendront dès lors à bonne distance.
Une préfecture bunkerisée
Un premier passage tendu s’effectue au bout de la rue menant à la préfecture. Rappelons-le, les gilets jaunes de l’Eure sont très remontés contre les arrếts préfectoraux qu’ils subissent depuis plusieurs semaines. Bien qu’ils aient réussi à les faire lever temporairement suite à une action judiciaire, le préfet les avait reconduit dans la foulée. Le maire de la ville invitait même les manifestants à exprimer leur colère face à ce bâtiment représentant l’État dans sa ville.
C’est sans grand étonnement que les principaux accès à la Précecture sont gardées par des rangées de gendarmes mobiles et agents de la BAC. Et c’est logiquement que les gilets jaunes tentent, en vain, de forcer l’accès. Flashball et gazage en règle seront les seules réponses du pouvoir en cette matinée du samedi 26 janvier.
La voiture incendiée l’a été par les palets de gaz lacrymogène tirés par les forces de l’ordre, et non par les manifestants
C’est dans l’après-midi, après une baisse d’intensité sur la pause déjeuner, que les vélléités reprennent. Des officiers de la police municipales tentent de s’approcher du cortège aux abords de l’Hôtel de Ville. La place est en travaux et offre les éléments nécessaires à une résistance active pour les gilets jaunes. Les policiers (armés des anciens modèles de flashball), plutôt vindicatifs pour de simples municipaux, seront repoussés sur des centaines de mètres, au-delà de leurs locaux. C’est ainsi que le petit commissariat de la police municipale de la ville d’Évreux sera forcée et retrouvera ses portes fracturées.
Les manifestants, tenant par centaine la place de l’Hôtel de ville, parviendront à tenir pendant un long moment la place, face aux renforts venus de la préfecture. Barricades en flamme, projectiles illimitées et une ambiance au rendez-vous. Par mégarde, quelques pierres retomberont sur les véhicules garés aux abords de la mairie. Mais ce sont bel et bien des palets de gaz lacrymogène lancés par les forces de l’ordre qui mettront feu au premier véhicule ! Les manifestants se sont même mobilisés pour écarter les autres voitures afin que celles-ci ne soient pas atteintes à leur tour. Une fois encore, le matraquage et le mensonge médiatique n’ont d’autres objectifs que de criminaliser le mouvement, à défaut de le diviser.
Sournoiserie policière et arrestations
Milieu d’après-midi, le cortège se remet en route vers la préfecture. Sur le chemin, la maison du préfet est identifiée et son portail principale est forcée. Quelques vitres des guérites de l’entrée seront brisées mais le cortège ne prendra finalement pas possession de l’immense demeure.
Plus tard, sur l’une des dernières tentatives d’approche de la préfecture, la sournoiserie policière débouchera sur quelques interpellations. En effet, alors que les centaines de manifestants s’approchaient main levé du cordon de gendarmes mobiles, un autre escadron les attendait dans une impasse. Sans sommation, des policiers se jettent sur la foule donnant lieu à une panique générale, des personnes blessées et d’autres interpellées.
Les gilets jaunes les plus endurants continueront la ballade jusqu’à 18h30 environ.
Cette journée fut une réussite du point de vue des ébroïciens qui voulait mettre un gros coup sur leur ville et ses arrếtés. Que des manifestations se tiennent simultanément à Rouen, Évreux, Caen et au Havre disperse de fait les forces de l’ordre qui ne bénéficient pas d’un stock illimité de personnel. Ils ont clairement été dépassé par la situation à Évreux et les gilets jaunes rouennais ont pu maintenir la pression aussi dans la capitale normande. La semaine prochaine, les gilets jaunes semblent vouloir se retrouver de nouveau massivement à Rouen pour l’acte XII.
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