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Expulsion illégale des Jardins Joyeux 200 policiers déployés pour violer la trêve hivernale.

« Ils ont enfoncé les portes des chambres. Ils ont entendu les bébés qui pleuraient dans les chambres et leur première réaction ça a été d’enfoncer les portes. Ensuite, ils ont sorti les familles et continué de défoncer les portes devant des gosses de 3 ans qui chialaient. »

Ce récit glaçant est celui d’un des habitants des Jardins Joyeux lors de l’intervention policière de ce matin visant à en expulser les habitants.

Une expulsion illégale

Peu avant 8h le mardi 11 janvier, la police enfonçait les portes de l’ancien foyer Sainte-Marie à Rouen. Dans le même temps, près de 200 CRS et de CDI (compagnies départementales d’intervention) bouclaient le quartier.

Les habitants ne s’étaient pas préparé à cette intervention et pour cause. Dans son arrêt de la mi-décembre, la cour d’appel avait bien demandé l’expulsion du lieu mais n’avait pour autant pas choisi de supprimer le bénéfice de la trêve hivernale.

Dans les rues autour, plusieurs dizaines de personnes qui s’étaient rassemblées en soutien aux jardins ont été gazés par des policiers bien zélés. Huit d’entre elles ont également été interpelées.

Tous les meubles et effets personnels des habitants ont été chargés dans plusieurs camions de déménagement sans insignes. On ne connaît pas pour l’heure leur destination.

La police a donc choisi, comme à son habitude, d’agir hors du cadre de la loi. Outre l’horreur de jeter à la rue des familles en plein mois de janvier, cette intervention est un véritable cadeau fait au promoteur SEDELKA dans son projet de noyer sous le béton ce petit coin de nature en plein cœur de Rouen.

Avec la complicité tacite du maire - prétendument vert - Nicolas Mayer-Rossignol, cette société dont le siège est situé au 70 avenue de l’Hippodrome à Caen a donc le feu vert pour continuer son petit business de rachat à pas cher et de dénaturation de monuments historiques. Dans le cas des Jardins Joyeux, ce ne sont pas moins de 120 logements haut de gamme qui devraient s’ériger en lieu et place des 4000 m² de jardins pour l’instant encore présents.

L’Hôtel de ville envahi

À 18h le soir de l’expulsion, environ 150 personnes s’étaient rassemblées sous les fenêtres de l’hôtel de ville. Les manifestants demandaient à Nicolas Mayer-Rossignol, de se positionner au sujet du projet de SEDELKA - Chose à laquelle le maire de Rouen s’est toujours refusé. Pourtant, l’élu PS proche d’Anne Hidalgo a fait du greenwashing l’une des pierres angulaires de la communication.

Seulement il y a un hic : si ce politicien chevronné se glose d’avoir « les mains liées » dans ce dossier, c’est bien en qualité de premier adjoint de l’ancien maire - Yvon Robert - que le projet de la société Caennaise avait été approuvé par les services municipaux.

Sur le parvis de l’hôtel de ville, l’ambiance était donc plus à la demande de comptes qu’à l’abattement larmoyant. Profitant d’une porte de service servant à la sortie des agents municipaux, le groupe a pu vers 18h30 s’engouffrer dans l’imposant édifice. Comme un torrent rempli d’une spontanéité qui fait généralement tant défaut à l’action politique. La troupe s’est répendue à travers les couloirs vides de cette « maison du peuple » qui - pour une fois - n’usurpait pas son nom.

Rassemblés dans la salle du conseil municipal, les manifestants - installés dans les fauteuils des élus - scandaient des « libérez nos camarades » (référence aux 8 personnes interpellées le matin) et d’autres slogans en soutien aux Jardins Joyeux. Les minutes passant, les dizaines de policiers qui commentaient à se masser toujours plus nombreux sur la place de l’hôtel de ville ne faisaient que rajouter de l’épaisseur au surréalisme de la situation.

Au milieu de ce siège qui se dessinait, les débats allaient bon train dans la grande salle de la mairie. Lors d’un vote à main levé, les occupants votèrent à une écrasante majorité de pas sortir tant que tous les habitants des Jardins Joyeux n’avaient pas été relogés.

Malheureusement, même les plus belles explosions de joie émeutière ont une fin. Après l’arrivée de plusieurs élus écologistes dans la salle, le gros des forces de l’ordre se retiraient de la place, abandonnant leur projet d’assaut. Passant alors d’assemblée populaire à réunion politique, la suite des éventements vit toutefois la mairie accepter de reloger temporairement les personnes à la rue.

Plus encore, après plus de 6 mois de fin de non-recevoir, Nicolas Mayer-Rossignol acceptait également enfin de recevoir une délégation des Jardins Joyeux.

D’après certaines sources, les travaux aux Jardins Joyeux seraient imminents. Pourtant, les opposants au projet ne comptent pas baisser les bras. Des « petits déjeuners » sont désormais organisés tous les matins à 9h devant le lieu.

La rencontre avec le maire de Rouen elle, aura lieu le jeudi 13 janvier à 18h30.