Le 8 décembre 2020, l’antiterrorisme à la française frappait un groupe politique que la DGSI considère comme de dangereux terroristes de la fameuse « mouvance d’ultra-gauche », quoi que cela veuille dire.
Alors qu’elles ne se doutaient de rien, plusieurs personnes ont été perquisitionnées et « enlevées » – comme elles disent – par la police, un matin de décembre, dans plusieurs villes de France.
72 heures plus tard, au terme de leur garde à vue, ces personnes sont accusées d’association de malfaiteurs à caractère terroriste. Cinq sont incarcérées en détention provisoire, deux sont placées sous contrôle judiciaire (elles doivent pointer au commissariat régulièrement) et deux sont relâchées sans suites.
Cette affaire est le fruit de plusieurs mois d’enquête de la DGSI. Ce qu’on reproche vraiment aux inculpés : un vague « projet d’action violente », de vouloir renverser l’ordre républicain. Rien de très concret en somme.
Comme on a finalement pas grand-chose à leur reprocher, on monte une histoire médiatique. On parle d’armes (d’air soft certainement), de tenues de black-blocs (des K-ways probablement), de bombes artisanales, de retour de zone de guerre. On évoque un voyage en Colombie, la profession d’artificier de l’un d’entre eux – qu’il ne pourra plus exercer d’ailleurs depuis. On expose leur intimité et on dévoile leurs identités, sans scrupules. Bref, les chiens de garde toujours au garde-à-vous cherchent un fois de plus à faire peur, ça permet de mieux faire passer la pilule des lois sécuritaires et liberticides plus tard.
L’affaire est un flop, il n’y a rien à reprocher aux inculpés, un simple soupçon d’une volonté de commettre des actions violentes. Quand ? où ? comment ? cela n’intéresse pas les enquêteurs, la simple volonté qu’ils ont perçue – établie sur rien – leur suffit pour enfermer cinq personnes. Alors pour avérer la dangerosité des victimes, on les place à l’isolement. Si 4 des 5 personnes écrouées sont sortis aujourd’hui, l’une d’entre elles, le prétendu « leader » (parce qu’il en faut bien un selon la logique policière) est toujours à l’isolement.
Cela fait près d’un an donc qu’une personne à qui l’on a finalement pas grand-chose d’autre à reprocher qu’on le soupçonne d’avoir envie de – insérer random projet terroriste – est placé à l’isolement. Après une telle période, il y a quoi devenir fou, on perd sens de soi, de ses sens, des autres (voir les lettres écrites par Libre Flot depuis l’isolement). Les comités de soutien évoquent de la torture blanche, torture qui devra être bientôt renouvelée ou non. Après autant de temps à l’isolement, c’est directement le Ministre de l’Intérieur qui doit en décider.
Pour empêcher un nouveau renouvellement, les comités de soutien au 812 appellent donc à inonder de lettres Dupont-Moretti contre une nouvelle décision de mise à l’isolement. Pour y participer, il suffit d’imprimer les cartes postales à la fin de l’article, d’y coller un timbre et se rendre à la boîte au lettre de ton quartier.
Parallèlement à cette action, l’une des inculpés doit se rendre à une audience à la Chambre d’Instruction de Paris aujourd’hui pour demander la reconnaissance de nullités dans l’affaire. Cette audience est de haute importance puisque son résultat aura pour effet de déterminer la liberté des services de renseignement dans le déploiement de leurs moyens de surveillance.
POUR EN APPRENDRE PLUS SUR L’AFFAIRE, LES COMITÉS DE SOUTIEN ET LEUR ACTION : https://soutienauxinculpeesdu8decembre.noblogs.org/
SUR L’ACTION CONTRE L’ISOLEMENT :
https://soutienauxinculpeesdu8decembre.noblogs.org/post/2021/11/27/parlons-justice-action-de-soutien-contre-lisolement/
POUR LIRE LES LETTRES DE LIBRE FLOT ÉCRITES DEPUIS L’ISOLEMENT (nécessite le navigateur TOR) : https://77xqldfym373pgwif6mcakdcgbc7u3k3rivpzgew4wzejwos3zqkzsid.onion/libre-flot-lettre-depuis-l-15506?lang=fr